page suivante »
DU GOURGUILLON 369
GUIGNOL
Comment, c'est toi! C'est donc pas assez d'empoisonner
les gens dans ta boutique, faut encore que tu les assommes
dans la rue.
GNAFRON
Voyons, te fâche pas, c'est pas ma faute. Aussi, te cours
comme un toutou qu'a avalé la boulette. T'as donc quéque
chagrin, Guignol? (Guignol pousse un énorme soupir; Gna-
fron, continue, à part.) Voilà un soupir qui ferait tourner un
moulin. — A Guignol. Voyons, conte-moi ça! Si ton cœur
est déchiré, te sais, je suis savetier de mon état; j'y ferai un
point.
GUIGNOL
Bon ! voilà le père Gnafron qui prend mon cœur pour
une vieille grolle.
GNAFRON
Va toujours.
GUIGNOL criant.
Le feu
GNAFRON
Au feu ! ousqu'est le feu ! un pompier !
GUIGNOL
Oh, que t'esses bête! Te me fais de ces frayeurs! Te me
laisses pas parler. — Le feu! qui me brûle, toi seul peux
l'éteindre. — A part. J'ose pas y dire.
GNAFRON
Ah ça! me prends-tu pour un pompier? J'aime pas assez
l'eau pour ça.
GUIGNOL
Gnafron ! tu tiens dans ta main ma vie ou ma mort !
N° ;. — Mai 1S86. 24