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3io LES CONCERTS
seule, eût valu la peine de se déranger pour l'entendre fort
bien interprétée.
C'est une de celles qui ont été le moins souvent exécu-
tées à Lyon. Pourtant, elle est admirable d'un bout à l'autre.
Son numéro, le quatrième, indique à quelle époque il faut
la placer dans l'œuvre de Beethowen.
L'influence des maîtres, Haydn et Mozart, s'y perçoit
encore quoique affaiblie. Beethowen est déjà en pleine
possession de son génie.
Très bien conduite par Luigini, exécutée avec plus d'as-
surance par l'orchestre, la symphonie a produit un grand
effet. Nous devons signaler tout spécialement la virtuosité
des solistes de l'harmonie, qui ont enlevé comme en se
jouant les mille difficultés du grand et bel andante.
Le Phaéton de Saint-Saëns, qui suivait, a eu quelque peu
le sort de l'ouverture de Phèdre. C'est pourtant un essai
fort réussi de musique descriptive.
Le final de la Vestale de Spontini, qui terminait le deu-
xième Concert, a laissé le public plus surpris que charmé.
Cette page, si admirée jadis, nous a été gâtée par une inter-
prétation molle et maniérée, là où il fallait de la vigueur et
du souffle. « Chantez comme des bouchers, » criait Spon-
tini aux élèves du Conservatoire de Paris, qui répétaient ce
morceau. Nos choristes ont chanté en gens bien élevés,
mais qui ne se rendaient pas le moindre compte du drama-
tique de la situation.
Il faut bien dire aussi que Rossini ayant joué à Spontini
le mauvais tour de lui emprunter le motif principal de cet
ensemble tragique pour en faire le final bouffon du Barbier,
il est bien difficile de se laisser émouvoir par une formule
musicale, bonne à exprimer des choses si différentes, le rire
et les larmes.