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30 LES AVOCATS
avec le caractère pacifique du Parlement, qui envoya trois
députés, dont le président Simon de Nanterre, pour plus
avant savoir Ventention des seigneurs. La réponse du chance-
lier fut connue dans l'après-midi, et une seconde délibéra-
tion eut lieu. Il fut décidé que la Cour étant de justice et peu
accoutumée à paraître en armes et à chevaucher, se con-
tenterait de déléguer dix ou douze de ses membres, qui,
bien équipés, se rendraient le lendemain, à une heure, chez
le chancelier pour l'accompagner. Quant aux avocats et aux
procureurs on s'en remettait à leur bonne volonté. Lorsqu'il
s'agit de faire un choix et de désigner les dix ou douze
conseillers qui devaient se dévouer, tous se récusèrent. 11
fallut envoyer une deuxième députation au chancelier, pour
lui remontrer que les conseillers ne chevauchant que mules ce
sambleroit chose estrange d'aler par ville, comme dit est. Les
conseillers offraient de se faire remplacer par leurs valets.
Le greffier civil, Nicolas de Baye, fut chargé de porter cette
proposition au chancelier, dont la réponse, relatée en termes
assez vagues, n'était peut-être pas exempte d'ironie. Tout
considéré, le Parlement se décida à obéir, et fit sa prome-
nade militaire dans Paris, en fort nombreuse compagnie,
d'ailleurs, et escorté par les avocats, les procureurs et les
notaires du roi ( i ) . » Les avocats subirent donc le même
sort que les conseillers; et ils ne semblent pas avoir montré
pour cette chevauchée beaucoup plus de zèle qu'eux.
Tandis que les avocats vivaient en bonne harmonie avec
les conseillers, ils étaient en assez mauvais termes avec les
ecclésiastiques. Le clergé s'en défiait, parce qu'il voyait en
eux les propagateurs les plus ardents et les plus dangereux
du droit romain. « L'empressement des clercs à étudier les
lois civiles, au risque de négliger les devoirs de leur état,
(i) P. 131, 132,