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            LES HÉCATOMBES DE LA VENGEANCE                 433

parce que c'est un morceau d'architecture qui a de la valeur
pour un amateur.
  — Eh bien alors, je trouverai un amateur plus généreux
que vous. Je demande cinq mille francs.
  — Nous ne pouvons pas vous en donner ce prix-là.
  — Alors, monsieur, laissez démolir la chapelle ; le bon
Dieu n'y perdra guère, on ne vient plus y prier.
  — Voulez-vous trois mille francs?
  — J'aime mieux gagner mon procès.
  — Je vous dis que je suis étranger.
  — Alors, quel diable vous pousse à vouloir ici le bon
Dieu pour locataire ?
  — Vous détruisez un chef-d'œuvre.
  — Bien neuf?
  — Qu'importe ?
  — Noir comme une cheminée, sale comme une auge à
pourceaux.
  — J'ai prié le maçon d'interrompre son travail.
  — Payez-lui sa journée alors. A présent, madame et
monsieur, je vous prie de me laisser aller à mes affaires.
  Le couple se retira irrité.



   Quelques années après, ce jeune homme, alors si artiste,
s'enrôla dans cette légion infernale qui attentait à l'exis-
tence des vieux monuments à Paris et dans la province et
qui les détruisit, au nom du progrès, ce qui atteste que
nous sommes un peuple intelligent, qui mérite d'être libre,
parce qu'il connaît le prix de la liberté.
   L'amour malheureux fit ce révolté; la jeune femme que
nous avons vue si enthousiaste à l'instar de son mari, plus
tard éblouie par les splendeurs d'une cour voluptueuse et
amie du plaisir, compromit son honneur pour la satisfaction
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