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ALINGEN OU ALLEN-JEAN 297
Greillie ne s'emploie dans aucun des patois cités plus haut,
pas même dans celui de Saint-Etienne et de Montbrison, si
voisins de Roanne, sinon M. Gras n'eût pas manqué à le
consigner dans son excellent dictionnaire.
Lorsqu'on ne sait d'un mot ni ce qu'il est ni d'où il vient,
on dit communément que c'est du celtique. Il faut bien
tirer le mot qu'on entend le ^moins d'une langue qu'on
n'entend pas. Ce qu'on en dit n'est pas pour gausser. Quand
on ne trouve les origines d'un mot ni dans le latin litté-
raire ni dans le latin rustique, ni dans la langue d'un peuple
avec lequel nous ayons eu des rapports, il faut pourtant bien
qu'il vienne de quelque part (on est toujours le fils de quel-
qu'un) et ce n'est pas sottise de supposer que ce que nous
n'avons pris ni aux Latins ni à nos voisins, nous le tenons
de nos pères.
Il doit, au surplus, y avoir dans le latin rustique, auquel
nous rattachons la plupart de nos expressions populaires,
beaucoup de termes celtiques, auxquels les Romains avaient
donné des formes latines. Seulement, comme le celtique
n'a pas laissé de documents, nous ne connaissons pas les lois
de la transformation du celtique en romain, et encore moins
du celtique en français, et l'on est le plus souvent réduit
aux conjectures. Trouve-t-on le radical dans des idiomes
qu'on sait procéder plus directement du celtique, comme le
gaélique et le bas-breton, alors on a un « petit peu » moins
de chance de se tromper, encore qu'on nage toujours dans
le vague, puisqu'on ne sait pas comment, du radical, le mot
en est venu à ce qu'il est. Puis ce sont matières âpres, du
genre de celles auxquelles seuls les astronomes peuvent
mordre. Tout le monde ne peut savoir le sanscrit, le zend,
le grec, l'altaïque, le finnois, le goth, le visigoth et l'ostro-
goth; et quand on sait tout cela, encore n'est-on pas bien
sûr de savoir le celtique.