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138                     DEUX AMITIÉS
dans ses compositions ne proviennent que de l'inexpé-
rience. Elle a proposé de les lui indiquer et m'a laissé en-
tendre que, par ses connaissances, ses amis qui occupent un
rang dans le monde littéraire, elle pourrait être fort utile à
cette intéressante jeune fille et lui assurer certains succès.
    Mme Desnoyelle resta silencieuse.
    — Ah ! voilà ce que je craignais, s'écria Mme Werner,
vous refusez ?
    — Non, je réfléchis, répondit doucement la mère : vous
m'avez avoué que vos renseignements sur cette Mme Dermont
sont incomplets ; qui sait si elle n'est pas une de ces per-
sonnes qui ont une existence irrégulière ou tout au moins
dont les principes sont vacillants ?
    — Ceux de Marie sont fermes, vous n'avez rien à crain-
 dre et ce serait folie à vous d'entraver l'avenir de votre en-
fant par des scrupules exagérés.
    — Peut-être avez-vous raison : je consens, en meré ser-
vant toutefois de mettre ma fille sur ses gardes.
   — Rien de plus juste.
   Dès le lendemain, Marie, très émue, se présentait chez
   me
M Dermont. Sa mère l'accompagnait, mais elle se retira
après quelques instants. Lorsqu'elles furent seules toutes
deux, Mme Dermont lui fit mille démonstrations d'amitié,
lui assura qu'elle allait charmer sa solitude, qu'elles passe-
raient ensemble de longues heures, etc. Puis, tout à coup,
elle interrompit ses mièvreries pour demander à Marie de lui
lire une pièce de vers. La jeune fille y consentit avec un
vif battement de cœur : elle comprenait qu'elle allait trou-
ver en Mme Dermont un juge plus expérimenté que sa mère
et Mrae Werner. L'élocution facile de Mathilde Dermont, les
livres nombreux qui couvraient sa table prouvaient jusqu'à
l'évidence, aux yeux de Marie, son instruction et ses goûts
littéraires.