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                 DE M, LE COMTE DE MIRABEAU                   135
   Parmi ces derniers, était le marchand-fourreur de sa Ma-
jesté le roi de Prusse qui avait eu l'insigne honneur de
fournir quelques pelleteries à Mmc de Nehra.
   Le fourreur, M. Frédéric-Michel Weiss junior, écrivit
 vainement à son débiteur; celui-ci ne répondit pas. En bon
Allemand, M. Weiss ne voulait pas perdre son argent, mais
les relations entre la France et la Prusse étaient aussi rares
 que difficiles ; on voyageait peu à cette époque. Puis peut-
être éprouvait-on quelques difficultés à obtenir de l'argent
des sommités politiques habituées à planer au-dessus des
soucis vulgaires. Un petit bourgeois de Berlin paraissait peu
redoutable à M. le comte de Mirabeau habitant Paris. Celui-
ci pouvait espérer qu'après quelques missives plus ou moins
vives, le Berlinois se lasserait, renoncerait à sa créance
et passerait la petite somme réclamée par profits et pertes.
Malheureusement, il n'en fut rien.
   M. Weiss avait pour ami et correspondant à Lyon, un
négociant pelletier-fourreur comme lui, M. Antoine Ving-
trinier, que de nombreux voyages à Surzac, à Leipzig et à
Francfort lui avaient fait connaître et que sa manière de
traiter les affaires lui avaient fait estimer.
   M. Antoine Vingtrinier allait souvent à Paris, sa réputa-
tion d'être un des chefs du parti du Tiers-Etat, dans sa ville
natale, lui donnait une certaine influence, non seulement à
Lyon, mais au loin. M. Weiss lui écrivit son embarras et
M. Vingtrinier ne trouvant pas la charge au-dessus de ses
forces, lui demanda ses pouvoirs. Muni de la pièce dont
nous donnons ici le fac-similé et dont nous possédons l'ori-
ginal (1), il attaqua corps à corps le célèbre orateur, le me-
naça des tribunaux, lui promit autant de scandale qu'avec

  (1) Ce pouvoir était entre les mains des demoiselles Giraud qui nous
l'ont gracieusement remis.