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LA MER SAHARIENNE 127 d'altitude. Il en est de même des îles Baléares qui, émer- gées durant la période pliocène, se sont enfoncées sous les eaux de la mer quaternaire puis relevées d'au moins 80 mètres, d'après les faits constatés par M. Hermitte dans son exploration géologique de ces îles (1). Entre Souze et Tunis, un peu au sud du caravansérail de Bir Loubit, M. Roudaire a signalé les ruines d'un poste romain, au- jourd'hui retiré dans les terres à 15 mètres d'altitude et dont la base est criblée, jusqu'à 70 centimètres au-dessus du sol, de trous de coquilles perforantes, preuve palpable que ces ruines ont été fondées sur le rivage, à l'origine, au milieu même des flots, puis que le sol s'est ensuite relevé peu à peu (2). Il est vrai que M. Pomel, se raillant des connaissances géologiques de M. Roudaire, a prétendu que ce qu'il avait pris pour des coquilles lithophages n'était que les fossiles normaux du conglomérat tertiaire dans le- quel les Romains avaient taillé les moellons de leur cons- truction (3). L'examen seul des ruines pourrait permettre de trancher cet étrange débat; mais on s'explique difficile- ment comment M. Roudaire et ses compagnons de mission auraient pu confondre des fossiles avec des mollusques per- (1) H. Hermitte, — Etudes géolog. sur les îles Baléares, 1" partie, p. 295. « Les dépôts marins (quaternaires) qui s'élèvent aujourd'hui à une hauteur de 70 à 80 mètres démontrent qu'une oscillation relative- ment récente a affecté les îles Baléares. « On se rappelle que ces îles ont dû être émergées pendant toute la période pliocène, puisque cette formation y manque complètement ; mais pendant la période quaternaire, une oscillation descendante plon- gea sous les eaux une partie du littoral. » (2) Roudaire— Arçhiv. des Missions. — Miss, des Chotts, 3 e série, t. 4, p. 270. (3) Pomel.—La mer intérieure et le seuil de Gales, Revue scientifique, 10 nov. 1877. — Id, Bullet. de la Soc. géol. de Fr., 4 fév. 1878, y série, t. VI, p, 223.