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378 LE RAVIN DE SAINT- ROMAIN
nouveau détour du sentier nous conduit hors du taillis;
nous en sortons brusquement et nous sommes sur le col
désert et sans horizon qui sépare le Oindre du Mont-
Thou. Cette dernière montagne, ainsi que la Roche Saint-
Fortunat, se montre en face de nous, au dessus de tas
de pierres informes qui ajoutent à la tristesse du lieu.
Les deux montagnes elles-mêmes, loin d'affecter cette
forme de cap au sommet légèrement recourbé qui
leur donne un si grand air, quand on les regarde de
Vaise ou du plateau de Saint-Didier, n'offrent à notre
vue que des ondulations mollemeut accentue'es qui sem-
blent ne dépasser que de quelques mètres les lignes
fuyantes et monotones d'un paysage qui ne laisse pa s
que de contraster avec ce que nous venons d'admirer.
Comme bien vous pensez, on se hâte de quitter la
place et, laissant derrière soi le col et ses tas de pierres
on arrive à la naissance d'un vallon qui est la contre-
partie de celui de Saint-Romain. Par l'échancrure qu'il
découpe dans le versant sud du Mont-d'Or, nous voyons
les derniers ressauts de la Roche Saint-Fortunat que
termine le mamelon de Monteiller, et au dessus le village
de Saint-Didier dont les hautes toitures et le clocher
se détachent nettement en avant du massif de Riverie,
pendant que plus à gauche, les coteaux de Fourvières et
de Sainte-Foy semblent servir de base au Pilât tout
blanc de neige. C'est joli, mais ce le serait encore plus
si les premiers plans n'étaient pas si nus.
Le chemin que nous suivons depuis notre sortie des
bois descend d'abord rapidement, puis, tournant à droite,
1 adoucit sa pente, nivelle ses aspérités, se borde de
noyers et se dirige vers la Jardinière dont les premières
maisons s'alignent déjà devant nous. Nous passons
alors près d'une demeure d'apparence confortable dont