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338 COUVENT DES MINIMES
troduire son héros dans chacun d'eux, il lui fait traverser
trois galeries somptueusement décorées ; dans la première
sont «effigiées» toutes les parties de la philosophie, dans
l'autre les tableaux des sept sacrements, dans la dernière
enfin, les principales figures de l'histoire ecclésiastique.
Tout cela est décrit par le menu, et le discours devient
une encyclopédie de connaissances universelles, où l'éloge
du religieux ne trouve guère place.
L'Oraison funèbre du duc de Montpensier n'est pas
agrémentée de tous ces étranges ornements, elle est plus
simple et plus pathétique. Elle ne nous est pas parvenue
telle qu'elle avait été prononcée ; ce n'est que sur les
instances de la duchesse de Montpensier, que l'orateur
recueillit plus tard ses souvenirs et écrivit de mémoire
ce qu'il avait dit dans l'Eglise de Trévoux, en présence
de la cour du Parlement des Bombes.
« Je n'eusse jamais pensé, dit-il, dans la dédicace de
« son livre à la veuve du duc, que le discours que je vous
« adresse, prononcé pour la consolation de vos sujets de
« Dombes, deust servir à . la vostre ; et que ce qu'ils
« avaient ouy, vous l'eussiez à voir et la France à lire ..
« Je n'en avais rien par écrit ; je l'ai dicté pendant mes
« voyages et visites. »
L'orateur unit dans son discours l'éloge, la plainte et
la consolation. Il loue le duc de Montpensier comme grand
homme, grand prince et grand chrétien, déplore sa perte
avec l'Eglise, le Roy et la France, console son épouse,
ses parents, ses sujets, en montrant comment sa mort l'a
fait passer à une vie meilleure. On y rencontre des pensées
telles que les suivantes dignes d'être notées.
« On eûst dit, tant ce prince était sensé, que la pru-
a dence étoit sa mèie.
« Comme il avoit acquis l'empire sur soi, il régnoit
« aussi sur tous ceux qui s'approchbient de lui. »