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288 SOUVENIRS D'UN GAMIN
chait pas les hommes de s'entretuer et de se déchirer
avec une fureur sans pareille.
La défense de Lyon avait été confiée à la vieille épée
du général Augereau et les armées autrichiennes, com-
mandées par Bubena, avaient envahi la Bourgogne, se di-
rigeant vers le midi de la France dont Lyon était la
clef.
Dès la pointe du jour,l'armée autrichienne, forte de qua-
tre-vingt mille hommes avait quitté ses campements des
environs de Mâcon. Son premier mouvement fut arrêté par
les troupes d'Augereau qui lui opposèrent la plus vigou-
reuse résistance; néanmoins, l'armée allemande, compo-
sée d'Autrichiens, de Bavarois et de Hongrois continuait
à avancer malgré les efforts surhumains des trente
mille braves soldats d'Augereau. A midi, l'on se battait
dans les rues de Villefranche, et il était trois heures,
lorsque les hauteurs de Limonest furent occupées par les
bataillons de l'armée ennemie. Les bois de la Barolière,
les vergers de Saint-Didier et de Saint-Cyr devinrent
autant de champs de bataille et furent défendus pied Ã
pied par les troupes françaises; des bataillons de vo-
lontaires lyonnais se signalèrent surtout par leur cou-
rage et l'acharnement qu'ils mettaient à défendre ce
pays accidenté.
Des hauteurs de Caluire, on pouvait assister, presque
sans lunettes, à ces combats héroïques qui se livraient sur
cent points différents. Les gros bataillons occupaient la
route; mais de tous les terrains accidentés qui l'envi-
ronnent sortait une fusillade incessante. Je me rappelle
encore une balme de plusieurs centaines de pieds sur la
crête de laquelle un combat acharné se livrait; les hom-
mes, précipités au fond du ravin, y roulaient comme une
avalanche. De temps en temps,de longues lignes de feuxde