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LE TÈNEMENT DE THUNES dH
primitivement le chef des hordes qui venaient des côtes
Barbaresques, de la régence de Tunis. Or, ce nom de
Tunes descendant du chef à ses subordonnés et étant
devenu commun à tous les mendiants, vagabonds, ivro-
gnes et libertins, il n'est pas étonnant que nos chroni-
queurs lyonnais, trompés sur son origine, aient jugé Ã
propos de le faire provenir, soit des pestiférés de Tunis,
soit des mendiants et vagabonds qui assiégeaient l'hos-
pice de la porte de Confort, soit enfin des ivrognes et
ues libertins qui hantaient le célèbre cabaret de Thunes.
Voilà ., d'après eux, la dénomination de notre ancien
tènement, et, sans doute aussi, l'origine de l'expression
tuner, faire tune.
C'est au xve siècle que, pour la première fois, le nom
de tunes est employé en France à désigner des gens
sans aveu; mais c'est à la fin du xvi" que la ville de
Lyon fut littéralement envahie par des troupes de ces
vagabonds,bohémiens, égyptiens, bateleurs et nécroman-
/ ciens, qui, selon M. Léopold Niepce, venaient augmenter
les charges de l'Aumône générale plus spécialement
fondée pour les ouvriers sans travail ou invalides. De ce
temps-là seulement, le mot de tunes, appliqué à ces
mendiants nomades, devint populaire à Lyon. Cependant
nous avons prouvé que, en 1286, on le trouve inscrit
dans nos archives. La différence de temps qui existe
entre ces diverses époques suffit pour démontrer que
notre tènement n'a pu prendre son appellation de l'un
ou de l'autre de ces deux premiers faits.
Nous croyons avoir fait la part à chacune de ces
deux expressions de thune, réservoir, et de tunes vaga-
bonds; lesquelles, on vient de le voir, n'ont entre
elles d'autre rapport que celui résultant d'une frappante
analogie de son et d'orthographe. Combien existe-t-il