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436 ON POÈTE OUBLIÉ n'avoir que de l'eau à boire et de jouer du bassin, le poète rendait l'espérance : « Mais maintenant la chance retournée Nous fait paroir, par le vouloir divin, Qu'au lieu de l'eau nous boirons du ban vin, Je dis du vin qui fait lever l'oreille. Du bon vin doux, friand et amoureux. L'édition fut si vite enlevée que l'année suivante, on fut obligé d'en publier une seconde à Paris, même titre ; Paris, Noël Le Coq, 4575, jouxte la copie imprimée à Lyon, petit in-8. Ce poème extrêmement rare a été réédité dernièrement par le libraire Jannet, dans sa Collection elzévirienne des anciennes poésies françaises. Ce petit volume ouvrit à Mermet tous les salons, toutes les sociétés ; les louanges l'accablèrent et il eût été par- faitement heureux sans un inconvénient qui frappe sou- vent les auteurs, que Rabelais, dans sa Pronosticalion pantagruélique, déplore, que Nostradamus classe parmi les maladies et qui est connu dans le monde sous le nom de : manque d'argent. Un proverbe qui a cours dans les imprimeries dit que les auteurs passent successivement et invariablement par trois phases : le Paradis, le Purgatoire et l'Enfer ; le Paradis quand ils écrivent, le Purgatoire quand ils corrigent leurs épreuves, et l'Enfer quand il faut régler avec l'imprimeur. Mermet n'échappa point à la loi. En venant à Lyon, il avait apporté une certaine som- me rondelette qu'il croyait largement suffisante pour son voyage; mais ses succès dans le monde, les fêtes, les frais de toilette, le diable peut-être, et surtout l'impression de son livre avaient mis sa bourse à sec, et, triste à dire,