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330 IUPPORT parmi les Dames honnêtes et estoit exclue de toute bonne compagnie. L'usure y étoit inconnue. Tous les Chalonnais se traitoient de cousins et la ville ne paraissoit qu'une fa- mille.» — Mon affection pour mes compatriotes n'ira peut- être pas aussi loin — et je crois le tableau qu'en a fait le vénérable doyen de Chalon un peu flatté, car il avoue, quelques lignes plus loin, que dans cette heureuse ville « où tous se traitoient de cousins, » on com~ptoitplus de 40 avocats et tant a"autres gens de plume qu'on les tient pour un tiers de la ville. La Discorde et la Chicane avaient dû né- cessairement brouiller parfois tous ces bons cousins. .. Je ne dirai pas ce que la Révolution fit de Chalon. — Des ruines, hélas ! elle ne sait faire que cela, — et plus d'une tête vertueuse tomba sous la hache du bourreau. Je me souviens encore des lugubres récits que, dans mon enfance, j'entendis faire par ma famille des horreurs de cette néfaste époque. Elle, aussi, fut obligée de fuir ou de se cacher dans l'armée, où l'honneur s'était réfugié sous le drapeau. Les églises et les monastères pillés et saccagés par les prétendus régénérateurs de la société, furent démolis pour la plupart, et les monuments des arts qui les ornaient ne trouvèrent pas grâce, non plus, devant ces modernes Vandales qui auraient encore aujourd'hui de nombreux imitateurs, s'il ne nous restait pas une ombre de loi et de pouvoir. Tel était, en peu de mots, le passé de Chalon, et tels étaient aussi les monuments (1) que ce passé souvent trou- (i) Voici la liste des principaux monuments de Chalon, en 1789. 1 La cathédrale, sous le vocable de Saint-Etienne jusqu'en 541, puis sous celui de Saint-Vincent, avec un double cloître. 2 L'abbaye de Saint-Pierre, bâtie vers 584,horsles murs,démolie en i562, et rebâtie dans la ville en 1580.