page suivante »
^SS LA BIBLE DE THÉODULFE ceau d'étoffe de soie qui lui était tombé sous la main ; après cet exercice aussi long que fastidieux, il retire de sa bouche ce lambeau de tissu pour le jeter loin de lui ; mais quel est son étonnement de voir cette étoffe crêpée régu- lièrement et offrant un aspect entièrement nouveau.... le crêpe était trouvé ! Le fabricant reprend courage à la vue de sa découverte; à l'aide de machines qu'il invente, il remplace son mâ- chonnement et produit un crêpe magnifique dont la vente lui rapporte des bénéfices tels que l'opulence remplace la faillite : voilà le roman. Maintenant voici l'histoire; je puis la certifier véri- table : j'ai connu l'auteur de la découverte et j'en tiens les détails de sa propre bouche. M. Couchonat, fabricant très industrieux, cherchait depuis fort longtemps, avec d'autres de ses collègues, à imiter le crêpe de Chine : un châle venant de Chine avait été coupé et décomposé avec soin ; il avait été soupçonné que ce tissu avait été tissé en soie crue, parce que la trame était tellement tor- due qu'elle se recroquevillait comme un crin mis au feu, et qu'il n'est pas probablee qu'on eût pu l'employer ainsi. On établit donc un tissu dont la chaîne était crue et la trame montée avec une soie à 18 ou 20 bouts extra tordue ; on obtint après l'avoir fait cuire un tissu crêpé il est vrai, mais dans des conditions tellement dé- fectueuses qu'il était impossible d'y reconnaître même une imitation de ce beau tissu si souple, légèrement crê- pé et d'un toucher si agréable, que les Chinois fabriquent en si grande quantité. Enfin, après bien des tâtonnements et plusieurs années de recherches, Couchonat eut l'idée de décomposer les différentes torsions des fils de la trame de cette mystérieuse étoffe, et il découvrit qu'elle était tissée avec un coup de trame tordue à droite et alternativement