page suivante »
MON AMI GABRIEL 207 De son côté, Gabriel était en proie à une sourde agita- tion ; il parlait avec vivacité des choses les plus diverses, et deux ou trois fois il avait'pris son chapeau et l'avait reposé avecdes mouvements nerveux. Mme Reynaud, qui avait causé gaiement depuis notre entrée, regarda son mari, leva les yeux et devina plutôt qu'elle ne vit l'objet de son trouble. Tout à coup Gabriel sortit sans rien dire. Louise ne fit pas la moindre observation ; mais elle de- vint pensive, et au bout d'un instant, elle mefitpart de son inquiétude au sujet de son petit Paul qui était souffrant. Dans les intervalles de silence, une toux saccadée se fai- sait entendre du côté de la loge mystérieuse : je compre- nais aussi le pas mesuré du docteur Albert qui se prome- nait dans le couloir avec Gabriel. Enfin, celui-ci revint auprès de nous et fut plus affectueux que jamais pour sa femme, néanmoins il souriait avec effort et je vis bien que son inquiétude inexplicable ne l'avait pas quitté. Depuis quelque temps, je prenais mes repas à la table d'hôte de l'hôtel du Parc. Nous y étions en petit comité ; quelques officiers, un professeur de l'Ecole de droit et de jeunes avocats, tels étaient les éléments de notre société. Peu de jours après le concert de bienfaisance, comme je sortais de table, un garçon qui m'épiait depuis un instant, me dit à l'oreille qu'une dame désirait me parler et qu'il allait me conduire à son appartement. Je montai machinalement l'escalier intérieur, je traversai tin long corridor et je m'arrêtai devant une porte à laquelle le garçon venait de frapper. Je lus : N° 16. Ce fut un trait de lumière. Je me souvins alors que le docteur Albert nous avait parlé d'une femme qui habitait l'hôtel, et je ne doutai pas que la mystérieuse