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; MON AMI GABMEL 201 velles et m'a dit qu'il viendrait te voir aujourd'hui même. Gabriel était sorti et Louise était seule, cousant une chemisette pour petit Paul. Les paroles de sa nière lui causèrent une vive émotion, car elle devint pâle et ne put dire un seul mot. Elle laissa retomber ses mains sur ses genoux, pendant que Mme de Bénors continuait à parler; puis elle réfléchit que Francis devait revenir tôt ou tard, qu'elle l'avait toujours prévu et que c'était la nouvelle inattendue de son,retour qui causait son émo- tion. Lorsque sa mère se fut retirée, la jeune femme resta un peu inquiète ; elle aurait presque désiré que son cou- sin ne fût pas venu ou qu'il eût au moins retardé d'un jour sa visite; elle souffrait d'avance de l'embarras d'un tête-à -tète avec lui. Comment l'aborder ? Devait-elle le tutoyer encore? Tantôt elle désirait que son mari fût présent, tantôt elle se félicitait qu'il n'y fût pas. Enfin, la porte s'ouvrit. Francis était un beau garçon de vingt-cinq ans, doué d'une physionomie ouverte et sympathique. Il s'avança plein d'empressement, prit les mains de Louise et les serra avec tant de cordialité et de franchise que l'embarras de la jeune femme disparut subitement. Francis s'assit auprès d'elle, aborda carrément la question épineuse du tutoiement et en- gagea la conversation comme si elle avait été inter- rompue la veille, Louise respirait librement et souriait comme pour remercier son cousin de lui avoir enlevé un fardeau. — Sais-tu, disait le jeune homme, que j'appréhendais de te revoir? Te voilà grande dame, tu as un fils! Sans ta mère, j'awais remis ma visite à demain comme un poltron. Mais dès que je t'ai vue, il m'a semblé que je t'avais quittée hier dans ta petite chambre bleue de