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LA CROIX DU MONT-THOU 39 suite au Jura et au Bugey s'élèvent, du nord au sud, trois massifs distincts : le mont du Chat, la Grande-Char- treuse et le Vercors. Au-dessus, les grandes Alpes de Savoie et du Dauphiné dressent leurs cimes perpétuelle- ment couvertes de neige. Tout d'abord, à gauche du tableau, un point attire le regard, c'est le mont Blanc dont l'énorme dôme, émacié par les cataclysmes et les tempêtes, s'élève élégant et presque svelte, avec ses fines arêtes, ses plages nei- geuses et sa base tantôt piquée d'aiguilles hardies, tantôt arrondie comme de belles et solides épaules. Alors on suit toute la chaîne et, passant par les Bauges et la Tarantaise, on arrive à reconnaître le Glezin, puis les Grandes Rousses et enfin tout le massif du Pel- voux dont le pic le plus élevé est la ' Barre des Ecrins. , Comme le paysage dont elles font partie, ces belles montagnes changent, elles-mêmes, d'aspect suivant les heures et les saisons; par une chaude journée d'été, elles vous apparaîtront éclatantes de blancheur et parées de reflets d'or. Au printemps, tandis que le soleil monte derrière le voile des vapeurs matinales, elles vous mon- treront leurs sommités couleur d'ardoise entre des bandes de lourdes nuées qui font ressortir leurs divers plans et en accentuent la forme. Parfois, à l'automne, un peu avant le lever du jour, à l'aurore, elles se détache- ront coupantes, pour ainsi dire, comme les dents d'une scie et avec des teintes d'acier bleu, sur un ciel d'un rose vineux tout zébré de nuages violets, tandis que le soir, au dessus des brouillards épais qui cachent les vallées et les plaines, les plus hautes cimes émergeront illuminées par des phosphorescences de lucioles d'une splendeur magique.