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36                     AU MONT-D'OR

 croix apparaît toute blanche en haut de la montagne
 sombre et parfois la pensée du Calvaire s'empare de l'es-
 prit; on n'en est que mieux disposé à admirer l'œuvre de
Dieu dont une partie va tout à l'heure montrer à nos
regards son immensité. Ce n'est, à vrai dire, qu'un point
bien minime de notre terre que nous allons contempler,
 mais pour nous, chétif, pour nous atome qui allons être
comme perdu sur cette petite cime, c'est une immensité.
    L'hiver, par de certains jours, les sommets du Tîtou
 et du Verdun disparaissent sous d'épais brouillards qui
s'agitent en tous sens, toujours prêts à descendre et
toujours obéissant à u,n courant inférieur qui les oblige
à remonter. Alors,, si l'on ne craint pas de pénétrer dans
le nuage, on continue à monter et on se trouve au milieu
de vapeurs qui, poussées par un vent violent, passent
près de TOUS rapides et drues e£ vous fouettent le vi-
sage de leurs innombrables aiguilles de glace. Par
moments, le vent lui-même les écarte et par les déchi-
rures on aperçoit les ravins tantôt éclairés par un timide
soleil, tantôt plongés dans une ombre transparente qui
leur donne un caractère singulier. D'autres fois, ces
mêmes sommets sont couverts de neige, tandis que le
reste de la montagne n'a pas gardé trace du moindre
flocon. C'est beau de sauvage grandeur et cet âpre pay-
sage a un charme indicible; cette neige vous attire, Qn
a hâte de la fouler aux pieds et de respirer l'étrange et
caractéristique parfum qui s'en exhale.
  Mais pour atteindre ces vapeurs, pour arriver jusqu'à
cette neige, comme pour joujr, par un beau temps, de la
vue qui se déroule aux yeux du voyageur arrêté au pied
delà croix, il nous,faut continuer à suivre le sentier que
nous indiquions tout à l'heure et il nou£ amènera, en peu
de temps, au sommet du col qui sépare le Mont Thpi| de la