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354 BIBLIOGRAPHIE
nieraient pas une nappe continue mais se seraient déposées
çà et là dans des lieux bas, occupés jadis par des maréca-
ges. Mes observations personnelles m'ont conduit à les con-
sidérer comme beaucoup plus développées que ne semblent
le penser les auteurs du mémoire. Si quelques solutions
de continuité paraissent se produire çà et l à , je n'ose
pas affirmer qu'elles soient réelles. J'ai eu l'occasion
d'observer cette formation sur des points si nombreux et si
rapprochés, depuis Lyon jusqu'à Chalon, que je crois que
partout où elle n'est pas apparente, c'est que des dépôts plus
modernes la masquent. Elle se prolonge très-loin, et jepossède
dans ma collection un fragment de crâne humain recueilli
dans ces mêmes argiles avec des ossements d'éléphant, Ã
Apremont (Haute-Saône).
Je crois aussi que leur origine est bien plutôt fluviale que
lacustre ou paludéenne à en juger par la faune malaccolo-
gique qu'elles renferment. J'y ai fait une ample récolte de
petits mollusques dont j'ai donné la liste dans le Maçonnais
préhistorique. Cette liste, qui, soit dit en passant, diffère
assez notablement de celle que reproduisent MM. Lortet et
Chantre, renferme 28 espèces, dont trois seulement sont ter-
restres et les autres fluviatiles.
Ces argiles représenteraient, selon moi, le régime tourbeux
par lequel ont passé bien des fleuves, au moment où leurs
eaux s'épanchaient sur le fond de gravier et de sables de
l'ancien lit quaternaire devenu trop large pour leur débit
réduit. J e me représente la vallée de la Saône comme formée
alors par une plaine basse, couverte de végétation, sillonnée
par des canaux d'un faible courant, fréquemment inondée
et convertie alors en une nappe vaseuse où venaient s'enfouir
végétaux et animaux surpris par les inondations. Ce régime
tourbeux ne prit fin que lorsque la rivière se fut cana-
lisée, au milieu de ses alluvions modernes, un lit plus étroit
proportionné à son débit, ou peut-être même lorsque un
léger soulèvement de la contrée vint favoriser l'écoulement
de ses eaux.