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2C0                               POÉSIK



                            DAME ROSALIE

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                             LE    PEINTRE


                                         J'ai tout dit.
Mais si vous permettiez que mon cœur interdit
S'épanchât dans le vôtre avec quelque assurance,
Et, prêt à défaillir, s'ouvrît à l'espérance,
Je vous demanderais sur l'heure, sans détour,
Au nom du saint respect, au nom du tendre amour,
Qui remplissent mon cœur et dictent mes paroles,
La grâce de revoir Florestine à Cabrolles,
Sous vos yeux, pour qu'un jour, aimé d'elle et de vous,
Je sois pour l'une un fils et pour l'autre un époux.
J'ai trente ans, je suis libre et n'ai plus de famille.
Je mettrais avec joie aux pieds de votre fille
L'honorable produit d'un labeur de quinze ans.
Né dans l'obscurité, j'ai des amis puissants ;
Mon nom, déjà fameux, vole de bouche en bouche.

                            DAME ROSALIE


De tous vos sentiments la noblesse me touche ;
Mais plus vous faites voir de générosité,
Plus d'un pareil lien je sens l'indignité.
L'ardente passion embellit toutes choses ;
C'est comme le rayon qui tombe sur mes roses :
Il rehausse leur teint, nuance leurs couleurs,
Puis, sous un autre ciel, va chercher d'autres fleurs.
Au milieu des honneurs que Paris vous destine,
Hélas! que deviendrait ma pauvre Florestine?
Sous de riches habits, autre qu'en ce portrait,
Non, ce ne serait plus elle qui vous plairait !
De son premier état vous rougiriez peut-être.
Et nous serions punis d'avoir pu méconnaître,
Elle et moi, que l'éclat d'un rang immérité
N'était point fait, Monsieur, pour notre obscurité ;