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                               BU SURNATUREL.             44S

narn et confiteri esse deum et negare prœscium futurorum aper-
 tissima insania est [i). » Du reste, cette manière de se débar-
rasser des arguments des stoïciens, en mutilant la divinité, ne
profite guère à Cicéron. Tout ce qu'il peut dire contre Quintus,
n'infirme pas un seul instant l'assertion de son frère sur l'anti-
quité et l'universalité de la divination, et il est si malheureux
dans le cours de la dispute, qu'il s'oppose lui-même à lui-
même, par une contradiction vraiment indigne d'un si grand
esprit. Ainsi, après avoir dit que deux augures ne peuvent se
regarder sans rire, et que, si l'on doit travailler à étendre la
religion, il faut s'efforcer aussi d'arracher toutes les racines de
la superstition (2), il ne craint pas de déclarer qus l'opinion du
vulgaire et l'utilité de la république font un devoir de conserver
les coutumes, la religion, la discipline, le droit des augures et
l'autorité de leur collège (3).                          i
    S'il y a une conclusion à tirer de ce conflit d'idées à ce point
discordantes, c'est celle-ci : Que les philosophes et les gens ins-
truits doivent rejeter la divination comme une superstition in-
digne d'eux ; tandis que le Gouvernement doit la maintenir à
cause du peuple. Mais cette opinion, bonne pour la politique
d'un homme d'État à qui tous les moyens sont légitimes, ne
prouve pas plus que la divination fût fondée sur la crédulité du
vulgaire, que l'emploi de la religion par les gouvernements,
comme instrument d'influence, ne prouve que la religion
sôit une invention des législateurs. En fin de compte, il reste
acquis que, de tout temps, chez les Chaldéens, chez les Perses,
chez les Égyptiens, chez tous les peuples de l'antiquité, dans la
Grèce aussi bien qu'à Rome, la divination a été admise avec
honneur et pratiquée.
   Ce qui ressort de cette affirmation, ainsi que des autres té-
moignages cités sur les oracles et les prodiges, c'est qu'il est im-
possible que de telles choses n'impliquent pas l'existence du
                           i

 (1) De civit. Dei^lib. v, c. îx.
 (2) LXXII.
 (3) XXXIII.