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' 226 VIVE LA FRANCE !
— Je savais bien qu'il était inutile de chercher à la
s
ranimer... elle est morte, hélas ! . . .
— Morte ! . . . est-ce possible ? . . .
— Oui, m o r t e ! . . . morte victime de son dévouement
filial 1 le froid rigoureux l'a tuée en chemin... je l'ai trou-
vée dans la neige... ce n'était plus qu'un cadavre !... Mais
à présent, je cours vers la mère, pour remplir mon devoir.
Jeanne, à force de douleur, était comme une folle ; elle
serrait dans ses bras le pauvre corps inanimé, qu'elle
couvrait de baisers et de larmes.
— Ah ! Marguerite ! . . . la fiancée de mon Julien ! . . .
morte ! . . . il ne la reverra pas ! . . .
Elle oubliait Marthe, l'infirme, elle oubliait tout, pour
ne songer qu'à cette mort imprévue.
0 Marguerite ! chère colombe envolée ! étiez-vous mon-
tée au ciel afin de prier pour la France ? Oui, priez, mon
doux ange blond, car votre pays a besoin de vos suppli-
ques. La neige a été votre blanc linceul, et votre touchant
souhait d'amour s'est accompli : le froid qui faisait souf-
frir Julien vous a donné la mort, et le dévoûment a encore
sanctifié ce trépas sublime !
IX
Tous les soins les plus empressés ne purent sauver
Marthe que Dieu appelait heureusement auprès de sa fille.
Deux cercueils sortirent de la maisonnette, le même jour;
jamais le Seigneur ne s'était montré aussi clément. N'est-
ce pas Fénelon qui a dit : — « Tous les amis devraient
s'entendre pour mourir à la même heure. »
0 cygne de Cambrai ! pourquoi cette douce parole n'est-
eile pas une consolante réalité? Pourquoi n'était-elle qu'un
élan généreux de votre belle âme? J'ai regretté plus d'une
fois qu'il n'en fût pas autrement.
Le village entier voulut rendre un touchant hommage Ã
Marguerite, en venant la voir sur son lit de mort. Elie_
était encore belle, belle d'une beauté céleste. Son pâle vi-