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242                ONE VISITE A L'EXPOSITION.

   Nous croyons que notre, grande cité lyonnaise aura aussi sa
manufacture de pianos à réputation universelle, et que l'on trou-
vera les pianos Deschaux, de Lyon, comme on trouve les grands
noms de Paris, d-ins tous les salons artistiques du monde entier.
   Orne semble que je vais entrer maintenant dans une oasis, après
toutes les machines que j'ai vues... Glissons-nous vite dans les
salles de l'Exposition de peinture et de sculpture. Il y a quatre
galeries de tableaux ; dans la première, nous citerons : Job, de
Leconte du Nouy. C'e'st une toile magistrale. Voilà bien le patient
de l'Ecriture recevant les durs reproches de sa femme et de ses
cruels amis ! 11 est désolé et plein de résignation tout à la fois.
   On l'a placé entre deux admirables tableaux de fleurs de Lays,
et vraiment, il y aurait presque de quoi consoler Job ! Oh ! les
délicieuses fleurs, peintes par cet éminent élève de Saint Jean!
Les unes sont posées sur une harpe, près d'une [flûte et d'un
livre. Elles sont si radieusement fraîches que la main naïve d'un
enfant irait les cueillir. Les autres représentent le Bien et le Mal.
Dans une balance, sont d'un côté des chardons, des pavots, des
 épines, de l'autre, des raisins rouges et blancs, des pèches velou-
tées, des épis dVr ; un précipice est ouvert, un serpent fuit en
 voyant le bien l'emporter sur le mal. Allégorie de peintre amou-
reux d'idéal.
   C'est un grand artiste que Lays; la rosée vient naturellement
se poser sur ses fleurs, comme sur celles que Flore donne à nos
jardins et à nos campagnes. Àh quel coloris doux et velouté!
quelle transparence ! quelle délicatesse ! On est créateur lorsque
l'on peint comme cela ! L'espace me manquerait pour analyser
les deux autres tableaux du même artiste qui sont dans une au-
tre salle, mais ils sont dignes des premiers. Du reste, cela ne
s'analyse pas ; ma plume pourrait, sans le vouloir, froisser le
tissu diaphane de ces adorables fleurs.
   Dans celte même galerie, on remarque un Judas, par Sélim.
Il a une expression énergique et désespérée ; son œil est hagard,
ses cheveux hérissés, il va se pendre, tandis que dans le lointain
rougeâtre et orageux, on aperçoit le Calvaire... Il me semble
que c'est l'une des plus belles toiles de l'Exposition.