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                  LES CHASSEURS DE RENNES.                41
  armé de son marteau de géologue, prit la tête de la co-
  lonne.
     Nous trouvâmes, en sortant du village, un maigre
  taillis de bouleaux et de saules qui occupait le fond de la
  vallée. Mon savant ami me montra le bouleau nain,
  Betula nana, et les variétés de saule S. arctica et S. her-
 bacea, qui, de nos jours, n'appartienneut plus qu'à la
 faune du Groenland et des hauts sommets des Alpes.
 Puis, nous remontâmes sur l'autre flanc, nous dirigeant
 par un étroit sentier vers les sommets rocheux qu'on ap-
 pelle aujourd'hui le Mont-de-Ponilly. Des blocs entassés,
 écroulés des escarpements supérieurs, rendaient la mar-
 che difficile. Des sapins, brisés par les neiges d'hiver agi-
 taient cà et là leurs rameaux décharnés.
     Notre petite troupe allait atteindre le sommet, le doc-
 teur marchant le premier, et nous le suivant, lorsque
 tout à coup, à dix pas devant nous, au milieu du sentier,
 se dressa un tigre monstrueux, qui se chauffait au soleil,
 contre les rochers.
     Instinctivement je le couchai en joue et je fis feu par
 dessus l'épaule du docteur.
    Le tigre s'affaissa sur lui-même sans faire un mouve-
 ment.
    Le docteur se retourna ; il était pâle et défiguré.
    — Vous êtes fou ! me dit-il d'une voix entrecoupée par
 des spasmes nerveux.
    — Ah ça! docteur, de quoi vous plaignez-vous, répon-
dis-je brusquement. Il me semble que je viens de vous .
sauver la vie.
    — C'est cela ! et si vous l'aviez manqué, j'étais mort !
    Je perdais patience, et j'allais me fâcher sérieusement
lorsque le docteur chancela sur lui-même. Je n'eus que
le temps de le recevoir dans mes bras et de le coucher