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424 LE MAJOR GÉNÉRAL MARTIN. vres recevront une éducation qui leur permettra de de- venir, dans des villes commerçantes, des négociants im- portants, des chefs d'industries considérables. De notre temps, où les idées de progrès tendent à faire répandre sur tous les bienfaits de l'instruction, on ne peut qu'honorer la mémoire de celui qui, prévoyant les aspi- rations auxquelles notre époque a donné l'essor, eut, au dix-huitième siècle, la pensée d'instruire le peuple en créant pour lui des écoles dont le modèle nous est aujour- d'hui emprunté de toute part. Martin n'entend pas que son legs profite aux garçons seuls; comprenant qu'un jour viendrait où la femme re- vendiquerait ses droits à l'émancipation, et convaincu qu'un travail suffisamment rémunérateur pour la mettre en état de se suffire à elle-même pourrait seul lui procurer cette émancipation, il dispose que les filles recevront, elles aussi, une éducation gratuite. Jusqu'à ce jour, à Lyon, les garçons seulement ont été appelés à bénéficier de l'institution de la Martinière ; mais les renseigne- ments qui nous sont transmis sur ce point nous donnent tout lieu de croire que bientôt la volonté du testateur r e - cevra sa pleine exécution. Ce ne sera pas assurément le côté le moins utile de ce legs. En présence des grèves et des agitations ouvrières que nous avons à subir et qui semblent passer peu à peu à l'état chronique, ne voit-on pas,.en effet, que la femme suffisamment instruite pourra remplir des emplois aujourd'hui confiés à des hommes et ldont le salaire ne paraît pas suffisant à ceux-ci ? Nous désirons vivement pour Lyon que l'institution de a Martinière reçoive ce complément si utile. L'élément moralisateur qui devra en résulter pour les filles les garantira de dangers auxquels il ne leur est que trop souvent impossible d'échapper ayec les gains de moins *