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420               LE MAJOR GÉNÉRAL MARTIN.

de nouveau, n'oublia jamais son pays d'origine. Lorsqu'il
eut obtenu ce grade élevé dans l'armée de 1' « honorable
Compagnie », on le sollicita de se faire naturaliser An-
glais en lui promettant en échange des avantages consi-
dérables : « Je suis né Français, avait-il coutume de ré-
pondre, et c'est Français que je veux mourir. » Eh bien!
nous le demandons, si Martin avait eu à se reprocher une
désertion, eût-elle eu même pour excuse la rigueur dra-
conienne quasi-féroce de la discipline de Lally, aurait-il
manifesté des sentiments pareils? Si cet homme, doué de
la finesse et de la pénétration qu'on lui reconnaît, eût été
le transfuge qu'on s'est plu gratuitement à dire, il ne
pouvait raisonnablement pas supposer que l'acte blâma-
ble qu'il aurait eu à se reprocher fût ignoré de ses com-
patriotes, et la plus simple logique en pareil cas lui eût
conseillé d'accepter les offres qui lui étaient faites, de
 consommer le sacrifice (qui n'en eût plus été un), de re-
noncer tout à fait à sa patrie et d'aller, désormais bien et
dûment sujet anglais, recevoir en Angleterre les homma-
ges décernés à son grade et dus peut-être à son rare mé-
rite. Non, si Claude Martin tient tant à sa qualité de
Français, c'est qu'il a la conscience que la France n'aura
qu'à s'enorgueillir en lui de l'élévation de l'un de ses en-
fants. Il veut la revoir, cette France toujours présente à
sa pensée; il fait jusqu'à la fin de sa vie le projet d'y re-
tourner jouir, en repos et béni de tous, d'une fortune ac-
quise par le travail et par la constance, labore etconstan-
tiâ; car telle est la devise qu'il a choisie, devise qui honore
l'homme en même temps qu'elle est une noble revendica-
tion des voies suivies dans sa carrière.
   Un fait d'ailleurs que l'expérience démontre toujours
vrai, c'est qu'une nation étrangère peut bien utiliser les
services d'un homme qui s'est déshonoré dans son pro-