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Lettre inédite de M. Pierre Revoil, ancien directeur de
l'École des Beaux-Arts de Lyon, à M. Adolphe Teisson-
nier, Ã Lyon.
Servanne, 1er avril 1836.
Il y a longtemps, monsieur et cher ami, que nous n'avons
eu de vos nouvelles ; je viens vous en demander et vous
donner des nôtres. Je vous prierai p a r l a même occasion
de vous enquérir de la santé d'un ami auquel j'ai écrit
deux fois et qui ne m'a pas répondu. Mais avant d'entrer
en matière à cet égard, je veux vous dire que nous sommes
de retour ici depuis une huitaine de jours. J'ai rapporté mon
tableau de Charles-Quint à Saint-Just, presque entièrement
terminé : c'est, d'après l'opinion des connaisseurs d'Aix,
un demes meilleurs ouvrages, comme pensée et comme exé-
cution. Maintenant je me dispose à mettre la dernière main
à mon eïerne Stable au du Rachat des esclaves. Je compte,
Dieu aidant, le finir cette année. Je me propose même de
tracer et d'ébaucher en même temps, avant l'automne, un
ouvrage de même grandeur que celui de Charles-Quint.
Vous me demanderez peut-être, mon cher M. Teissonnier,
pour qui je prends le soin de poursuivre de tels travaux? Je
vous avoue que si j'étais garçon je serais fort embarrassé
pour vous répondre, mais, époux et père, je répondrai que
je travaille pour ma femme et mes enfants : ils tireront parti
de mes ouvrages en temps opportun. Je peins bien aussipour
me distraire, et je peux vous assurer qu'étant armé de ma
palette et demes pinceaux, je parviens à vaincre l'ennui le
plus complètement du monde, et c'est là un point essentiel
pour se conserver en bon état. Ma femme n'a pas non plus
le temps de s'ennuyer, la gestion de Servanne est une source
d'occupations très-nombreuses. Nous songeons à l'entréede
Béni chez un desp remiers banquiers de Nismes; il sera placé
chez M. de Surville. Son oncle et sa tante Amédée Baragnon
se chargent volontiers de l'héberger, et de veiller à ce qu'il
ne s'écarte pas delà bonne voie. Les choses paraissent ar-
rangées pour le mieux à cet égard.—Nous n'avons pas per