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342           UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.

   — En Europe           c'est possible! mais à Chirimayo
c'est autre chose; et je ne partirai pas.
   — Herminia, vous avez la tête inflammable et vous
vous laissez entraîner malgré vous. Heureusement que
votre cœur est bon, et c'est à lui que- je fais un tendre un
suprême appel. Songez, mon enfant, quelle triste existence
vous vous prépareriez en restant seule ici. Le mariage est
comme un arbre dont la base est entourée d'épines, mais
dont les hautes branches produisent un fruit savoureux.
Il faut avoir le courage de souffrir les égratignures du tronc
pour arriver à les cueillir. Croyez-moi ! Enfaisantà Rodol-
phe le sacrifice de vos petits ressentiments, vous vous ac-
querrez des droits à son affection. Un long voyage établit-
une chaîne de souvenirs communs, il confond les dissenti-
ments et amène, par l'intimité forcée de chaque instant,
une confiance souvent bien difficile à naître quand elle est
traversée par les mille incidents de la vie ordinaire. Vous
vous sentirez toute régénérée en arrivant en Europe, et
Dieu vous récompensera, par l'amour de votre mari, du
dévouement que vous lui aurez montré. Si au contraire
vous vous obstinez à rester ici, sans époux, sans enfant
    — Sans enfant ! interrompit Herminia en lançant sur
le comte un regard où se peignait la colère et la haine ; et
qui me le prendra, mon enfant!
    — Mais vous ne prétendez probablement pas que Ro-
dolphe renonce à ses droits de père ?
    — Son père! c'est là son malheur... à mon enfant!
mais me le prendre... essayez!
    Et elle s'élança du côté delà porte.
    — Arrêtez, Herminia ! ajouta le comte d'une voix grave
en cherchant à vaincre sa douleur pour se mettre sur son
séant. Arrêtez!... Pour qu'une mère garde son enfant, il
faut qu'elle soit digne de l'élever ; il faut que la source,