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              UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.              339

vous-même, car la force me manque pour vous dire ce qui
y est contenu !
    Et Rodolphe passa à Wilhelmine les papiers qu'il tenait
entre ses doigts crispés.
    C'étaient les confessions d'Herminia. Elle avait l'habi-
tude de consigner ainsi le résultat de ses examens de cons-
cience que, par un oubli inconcevable, elle n avait point
détruits en sortant du tribunal de la pénitence.
    Il y avait bien de quoi justifier la pâleur et le tremble-
ment nerveux de Rodolphe. L'ivrognerie, la médisance, la
calomnie, de honteuses révélations de libertinage, le mé-
pris de la vieillesse, de ses parents, du divin sanctuaire,
remplissaient ces pages intimes. Une seule ligne prise au
hasard eût suffi, en Europe, pour mettre cette jeune fille
au ban de l'honnêteté et de la considération.
    — Pauvre enfant ! s'écria la comtesse en attirant Ro-
dolphe sur son sein.
    — Mon fils, ajouta le comte, après avoir lu à son tour,
ta vie d'homme marié me semble tranchée par cette triste
découverte. Mais ta vie de père ne fait que commencer.
Tu te dois à ton fils, tu dois à Dieu de le retirer de cette
atmosphère, tu dois à ta mère de ne pas laisser dans
cette ordure une parcelle de son saDg !
    Du reste, peut-être cette circonstance même amènera-t-
 elle ce résultat. Herminia ne peut se douter que nous
 ayons plongé jusqu'au fond du bourbier de sa conscience.
 Tu emploieras le langage de la raison pour la déterminer
 à te suivre ; si elle y consent tu enfouiras dans les abîmes
 de ton cœur, l'arme qu'elle a mis dans ta main sans le sa-
 voir. La miséricorde divine est infinie, et sa Providence ne
 rend pas compte aux hommes des moyensdont elle se sert.
 Le passé de cette femme ne t'appartient pas : ses ensei-
 gnements doivent seulement te donner une défiance que