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336            UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.

nications sont faciles, rien de plus simple qu'une chaise
 de poste et des chevaux. Mais à Chirimayo, un voyage
 était une affaire dont les moindres détails rencontraient
des obstacles dont on ne se doute pas en Europe.
    Quand les bagages doivent cheminer à dos de mulet,
on loue bêtes et conducteurs; c'est ainsi qu'ils étaient
arrivés à Chirimayo, qu'ils étaient allés à Salta et en
étaient revenus. Comment faire maintenant pour avoir
les muletiers indispensables, sans que leur entrée en ville
y causât une révolution de curiosité qui donnerait l'éveil
à Herminia? Et, si on devait se passer de cet intermé-
diaire accoutumé, comment se procurer les animaux, les
bâts, les selles, les vivres, les serviteurs, tout cet attirail
qui rend les excursions si difficiles en Amérique ?
   Ce n'était pas tout. L'enfant était au sein, et Wilhel-
mine craignait qu'en agissant sur la nourrice, Herminia
obtînt d'elle un refus de départ, qui rendrait tous leurs
plans impossibles. Il ne fallait pas laisser ce prétexte à la
femme de Rodolphe, et l'on dut chercher clandestinement
une autre nourrice que l'appât d'une paie exorbitante
déterminât non-seulement au voyage, mais encore au
secret.
   Ce ne fut pas facile. Enfin, il se présenta une femme
de Salta qui désirait rentrer dans son pays, et qui se dé-
cida moyennant un gros gage. Mais huit jours ne s'étaient
pas écoulés qu'elle reparut tout en larmes. Elle avait
changé d'idées et ne voulait plus partir. Pressée vivement
parWilhelmine, elle se défenditlongtemps sans rien avouer
et finit par conter qu'Herminia avait tout découvert, et
l'avait fait menacer de l'empoisonner si elle quittait Chi-
rimayo.
   — Et vous avez cru à de pareilles folies ! s'écria le
comte. Vous voyez bien, pauvre enfant, qu'on a voulu