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o08 LES CHASSEURS DE RENNES. tenance je m'occupai à vider sur la table ce que renfer- mait mon sac. Le docteur se promenait à grands pas d'un bout à l'au- tre de son cabinet. — Voyons ces trouvailles, me dit-il, au bout d'un ins- tant de silence. A peine se fut-il approché de la table où j'avais étalé ma petite collection qu'il poussa un cri, le cri du cœur. — Mais, c'est un trésor que vous avez là ! un trésor, que je poursuivais depuis quatre ans ! J'étais destiné ce jour-là à faire le désespoir de mon vieil ami. J'eus le courage de retourner le poignard dans la plaie et je lui donnai tous les détails concernant ma dé- couverte. Le docteur était en proie à une agitation extraordi- naire. — Tenez, s'écria-t-il, en examinant chaque pièce l'une après l'autre, voici toute une série de phalanges de ren- nes; une mâchoire et un fragment de corne du même ani- mal ; puis une canine de grand tigre et des incisives d'ours ; une astragale d'aurochs ; des canons de cheval ; un os métatarsien d'un carnassier digittigrade, proba- blement d'un loup, car voici une dent de canis de grande taille; enfin vous avez aussi de l'éléphant, du mammouth, parbleu! à en juger par ces lamelles dentaires, prove- nant d'une large molaire d'adulte, caractérisée par ses replis festonnés , minces, nombreux et serrés. Et ces silex ! des pièces magnifiques, hors ligne, d'une beauté extraordinaire ! Vous n'admirez pas ces beaux couteaux d'une régularité et d'une longueur merveilleuses ; ces grattoirs si bien façonnés et ces étonnantes pointes de flèches taillées avec un art que je n'ai vu surpasser nulle part !