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                                 DEUXIÈME NOTE.                                     257
clarté dans l'histoire de cette industrie, il faut enlever toule confusion dans
les mots comme dans les faits.
   Le document qui altcste l'existence à Lyon, antérieurement à l'année
1517 , de plusieurs tissutiers ou tisseurs de soie, est le testament authen-
tique de Jean Escoffier, tissutier (lissuterius) (1) et citoyen de Lyon, reçu
le 3 octobre 1502, par Jean Bardillon, clerc, notaire apostolique, et regis-
tre (sans date) en la cour de l'officiaiité diocésaine (2).
   Par cet acte, rédigé en latin, « honnête homme, » Jean Escoffier, sain d'es-
prit mais débile de corps, après les réflexions accoutumées sur la fragilité
de « l'humaine lignage >> et l'incertitude de l'heure de la mort, après les
invocations à Dieu, à la Vierge cl aux saints, formules dans lesquelles se
reflète l'esprit de ce temps où tout portait le cachot de la religion, base
fondamentale de la société, recommande à son héritière de payer les
prières qu'il ordonnera, ses dettes et ses legs particuliers. Puis il fait élec-
tion de sépulture dans l'église de Saint-Pierre-les-Nonains, sa paroisse, au
tombeau où gît sa femme. Il veut un luminaire de treize torches et deux
cierges autour de son corps, et la sonnerie de trois glas funèbres sans in-
terruption. Il ordonne de convoquer à ses funérailles tout le clergé de
 Saint-Pierre, qui célébrera une grand'messc des morts et cent messes
basses de requiem. Il lègue à l'hôpital du pont du Rhône 20 sous tournois ;
à sa mère bd livres ; à son frère petit-Jean les 5 livres ou 1 francs d'or
 qu'il lui doit ; à son frère Sébastien une cotte ou robe rouge qu'il lient en
 gage, avec 100 sous tournois. Il reconnaît devoir à honnête homme Nicolas
 de Chambost (3), pour reliquat de salaire, 30 livres tournois, et lui lègue
 10 livres pour le remercier de ses bons services ; il veut en outre que la
 mercerie de soie (4) qu'il possède, c'est-à-dire toute son industrie, soit
 mise sous la direction dudit Nicolas pendant dix ans, à la charge par
 celui-ci de rendre les profits à son héritière universelle. Il donne à la
 nourrice de sa fille une cotte de drap et 12 florins, à son serviteur (servi-
 tori) 30 sous tournois, à chacun de ses cinq compagnons ou apprentis


  (1) On dit actuellement tisseur. Quant au mot canut, dont l'étymologie est bien
connue, il est relativement moderne et ne paraît pas avoir été employé dans le langage
lyonnais avant la tin du règne de Louis XIV.
   (2) Arch. dépariera. : Testamenta, tom. XXVIII, f° 174.
   (3) Son contre-maitre. Le de n'avait alors ( et n'a encore légalement ) aucune
valeur nobiliaire; il signifiait né a, originaire de, venant de, etc. Nicolas de Chambost
n'appartient pas à la famille consulaire et trës-distinguée de Rivérieulx de Cliambi.st.
   (4) Les étoffes de soie faisaient partie de la mercerie, Ce tissutier fabriquait et ven-
 dait pour son propre compte.
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