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22(ï ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS,
dit Vincent, nous voici arrivés au gîte. — Oui, c'est-là , re-
prend son père, que prospèrent les brebis ; l'été, elles ont
le bois de pins; l'hiver^a plaine caillouteuse... Oh! ici, il
y a de tout!
E touti aquéli grands aubrage
Que sus li teule fan oumbrage!
Et quelo bello font que raio en un pesquié.
E touti aquélï brux d'abiho,
Que chasco autouno desabiho
E, tre que Mai s'escarrabiho,
Pendouloun cent eissamei grand falabreguié !.. . (1)
Oh ! en toute cette terre, père, lui répond Vincent, savez-
vous, ce qui me plait le plus? c'est la ulle de la ferme.
Oh ! piei, en touto la terrado,
Paire, lou mai qu'a ieu m'agrado,
Es la chato dou mas !
Tout en devisant ainsi, ils se trouvèrent vers la porte.
La fillette venait de donner la feuillee à ses vers à soie ; et
sur le seuil, à la rosée, elle allait, en ce moment, tordre un
écheveau. — « Bonsoir à toute la compagnie ! » fit le van-
nier en jetant bas ses brins d'osier.
« — Maître Ambroise, Dieu vous le donne ! — dit la
jeune fille ; je mets la thie à la pointe de mon fuseau, vo-
yez !... Eh! vous autres vous voilà attardés ! —D'où venez-
vous? de%Valabrègue ?— Juste! et le Mas des Micocoules.
se rencontrant sur notre route, — il se fait tard, avons-
nous dit, nous coucherons à la meule de paille. »
(1) Et tous ces grands arbres qui tendent leur ombrage sur le loit, et ces
belles eaux qui jaillissent dans le vivier, et toutes ces ruchées d'abeilles,
que l'on dépouille à l'automne, et dès que mai ïécarquille, se suspendent
en esssims, par centaines, aux grands micocouliers !