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                          AUTOUR DE LYON.                             157

fous le faix de la honte, car, autour de nous, vingt peuples,
avec un soin pieux, vont recueillant les épaves historiques des
races leurs aïeules !
   — Que je devienne, interrompit l'homme au samolus, un
ahrbadit, s; l'héroïque détermination de nos grand'mères ne
m'attendrit pas jusqu'aux larmes! mais, pourquoi riez-vous,
monsieur ?
   — Je ris de ce terme ahrbadit qui vient de tomber de vos lè-
vres. Vous ne vous seriez pas donné, en nous abordant, pour
un compatriote de Vercingétorix que votre mot de terroir me
l'eût appris. Le lieu même où vous avez reçu le jour ne doit pas,
je le suppose, se trouver très-éloigné du bassin de l'Alagnon ;
car, c'est là surtout que fleurit ahrbadit. 11 florissait aussi, long-
temps avant J.-C,dans le Lugdunum des Cymris Ségusiaves (1).
   — Vous croyez ?
   — Je ne crois pas, j'affirme.
   Mon interlocuteur se montra non moins charmé que surpris
d'apprendre l'existence d'un mot de ses chères montagnes dans
une cité fameuse plusieurs siècles avant notre ère. Celle glori-
fication de son patois remuait en lui, sans que je m'y fusse at-
tendu, la fibre sensible. 11 se prit à sourire. Je vous laisse à pen-
ser lout ce que ce sourire, né d'un mouvement de satisfaction
profonde, mit à jour de son riche dentier d'ivoire ! Au .plus fort
de sa jubilation, il tendit h chacun de nous une de ses fortes
mains et, pressant les nôtres à faire craquer les doigts, il me dit :
   — Voyons, Monsieur, le samolus me tient toujours au cœur.
Aura-t-il, que vous sachiez, part à cette restitution totale ou par-
tielle de la Gaule dont vous entrevoyez le prochain avenir ?
   — A propos de samolus, j'ai une proposition à vous faire. Le
printemps s'annonce sous de favorables auspices (2). Durant le

  (1) Appendice, lelt. E.
  (2) il s'agit du printemps des naturalistes, ce printemps si bien décrit
dans un charmant livre, éelos d'hier:
  ! En entuni dans les bois, je me voyais arrêté, presque à chaque pas,
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pur une foule d'objets capables d'attirer mon attention. Les oiseaux eom-