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164 AUTOUR DE LYON. eharabias que celtiques il appelait. Je vous transmets sa réponse: « Entreprendre de classer une plante druidique constitue à mon sens une tâche à la fois ingrate et fatigante. A la réserve du gui, pas une seule des herbes préconisées par la caste lettrée des Gaules n'est, à l'heure où je parle, connue ou même en voie de l'être. Les ténèbres sous lesquelles se dérobe la science de cette caste, se sont également amassées et sur sa religion et sur sa philosophie ; nous n'en connaissons guèrs plus que César, Mêla, Strabon, Pline et Diodore. Grâce à Diogène Laërcs, un tribanon ou tercet de la morale enseignée dans Mona, dans Autricum et dans plusieurs autres centres religieux de la Celti- que est parvenu jusqu'à nous (1). A ce tribanon ajoutez quelques lambeaux recueillis au pêle-mêle des récits, des légendes et des inspirations bardiques des vic et vn° siècles après J . - C , et vous saurez tout ce qu'il est possible de savoir, en cet an de grâce 1865, sur la religion, la science et la législation de nos pères. La raison de celte ignorance est aisée à concevoir : les Druides n'écrivaient rien ; l'ensemble de leurs connaissances : cosmogo- nie, théologie, morale, lois, se résumait en une somme de vingt mille vers qie tout aspirant au sacerdoce était tenu, avant que d'être admis, d'apprendre sur le seul enseignement oral ; c'était le baccalauréat de la forêt sacrée. Ainsi, dans l'organisation druidique, la mémoire était la seule dépositaire des choses dé- pendant de l'intelligence. La corporation ayant péri, exterminée par les Romains, ce qu'elle enseignait a dû périr avec elle : tel cesse de produire des fruits, des fleurs et de la verdure, un arbre de nos vergers, mortellement atte nt par le tronc. « D'un autre côté, le gigantesque réseau tendu par l'adminis- tration romaine sur les régions gauloises resserra ses mailles de telle sorte, qu'il finit par en étouffer les nationalités et leurs parlers dialectiques. De celles-là s'il ne demeure rien, de ceux-ci, hélas ! il ne survit qu'un petit nombre de mots, de phrases, de textes péniblement extraits des Anciens, ou non moins pénible- ment reconnus sur des marbres, en des gloses, en des chants (1) Appendice, lett. 0 .