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UN MARIAGE SOUS UES TROPIQUES. 67 pures, sanctionné par une sympathie brûlante, par une es- time méritée, aiguillonné par l'attraction puissante do la forme, par le désir que la nature a mis au sein de la jeu- nesse, toute eette passion, toutes ces ardeurs pâlissent de- vant le dévouement sublime, l'éternel sacrifice de la tendresse maternelle! Heureuse de souffrir pour la créa- ture qu'elle a mise au monde, son affection la couve dès sa naissance pour ne plus l'abandonner jusqu'à son dernier souffle. Dans l'orgueil de son nom, un pèrepeut tuer son fils pour en couvrir le déshonneur. Dans son amour, que rien n'ébranle, la mère subira la honte de son enfant pour en adoucir l'amertume ! Wilhelmine avait une de ces âmes d'élite, capables de toute souffrance, et rien ne lui eût coûté pour épargner un soupir à son Rodolphe. Mais chez elle la voix du cœur n'étouffait point celle de la raison, et son angoisse était extrême. Elle savait à n'en pouvoir douter que lorsque son fils avait pris une décision elle était irrévocable, et la douleur de ce mariage s'augmentait de la certitude de son impuissance à l'empêcher. Aussi quand, deux jours après, le comte lui demanda son avis sur le projet de Rodolphe, elle secoua tristement la tête. — Vous aimez notre enfant autant que moi, sans doute, répartit Wilhelmine, mais soyez sûr, Léonard, que vous ne le connaissez pas comme moi. Rodolphe est une nature de contrastes, et, suivant que brille une des facettes de son caractère, vous pouvez le croire timide et résigné ou bien obstiné et intraitable. Il a le cœur aimant et souvent la parole dure. La gaîté de son sourire fait place, à l'occa- sion, à >une colère dont l'expansion serait terrible. Rodol- phe aurait besoin d'avoir pour compagne une femme d'es- prit, douce, bonne, adroite, raisonnable, surtout, et qui saurait éviter les chocs d'un caractère dont le frottement