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     LETTRE INÉDITE DE M™ DESBORDES-VALMORE

                      A UNE DAME DE LYON.




                                   Paris, 14 décembre 1839.

   Votre bonne lettre, chère amie, m'a fait du bien et du mal. Je
sens que vous souffrez et je sais qu'il faut que ce soit beaucoup
pour vous plaindre! Votre pauvre médecin (1) est lui-même bien
blessé au cœur, vous savez pourquoi. Toutes ces nouvelles m'ont
consterné, je ne sais où trouver du courage, et je n'en cherche,
à vrai dire, qu'à force de me nourrir de ces tristes préoccupa-
tions. Les distractions qui y sont étrangères me heurtent et me
font du mal.
   Je vous envoie les vers pour madame Balmont, et vous prie
de l'embrasser sincèrement pour moi. Vous m'avez donné de
l'amitié pour cette aimable femme. — Vous aurez perdu une de
mes lettres par occasion qui vous envoyait d'autres vers. J'ai
peur maintenant de ces occasions, et pourtant je cède à leur sé-
duction. Je croyais n'avoir pas le temps par celle-ci de vous
écrire, mais je peux vous adresser quelques lignes et j'en profite
pour vous remercier des vôtres, quoiqu'elles soient bien mélan-
coliques ! mais je vous aime, et plus encore quand vous souffrez,
 chère et bonne amie ! la position présente et à venir de Lyon
m'épouvante aussi. Votre ville est si grave dans ses malheurs !
 C'est alors qu'elle m'attire plus fortement pour souffrir avec elle.
 Je ne peux encore vous dire positivement j'irai, mais c'est à peu
 près sûr , cette incertitude est bien longue et bien fiévreuse !
 Merci de me deviner comme vous le faites et du rêve qui vous
 ramènerait vers moi. Il y a du calme dans ce rêve et du bonheur
 enfin, quisqu'il dit que nous nous retrouverons.

  (1) Le Dr Desaix.