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                       CHATEAU-BAYART.                       71

conservait les mœurs patriarcales, que le jeune Bayart vit
s'écouler les premières années de son enfance, et qu'il se
forma de bonne heure à la pratique de ces vertus qui firent
de lui le modèle de tout chevalier. On sait qu'à l'âge de treize
ans, il quitta le manoir paternel pour faire partie, en qua-
lité de page, de la maison du duc de Savoie, et fit ses
premières armes sous ce prince.
   Mais, hélas ! la vérité nous force à contredire ici la tra-
dition, dussions-nous dissiper des illusions doucement
caressées. Non, le preux chevalier ne naquit ni dans cette
chambre ni même dans ce bâtiment, lequel par son style et
son architecture, indique une date postérieure à l'année
1472. Et ce qui corroborera notre opinion, c'est que nous
voyons Guillaume, archevêque d'Embrun, et fils de Jean
de Saint-Marcel, seigneur d'Avançon, alors propriétaire du
manoir, faire réparer sur la fin du rvi" siècle, la vieille et
grosse tour où le bon chevalier était né. Or cette vieille et
grosse tour est de beaucoup antérieure au bâtiment à deux
étages que les admirateurs de Bayart vont visiter comme
un lieu consacré par le culte du souvenir.
   Quoi qu'il en soit, puisqu'en définitive l'imagination est
la dominatrice du monde, ne nous étonnons pas que l'on
persiste à regarder la chambre que nous venons de décrire
comme celle où serait né Bayart. Et cette croyance est
adoptée, soit par les Dauphinois, soit par les nombreux
étrangers qui, d'Àllevard où ils séjournent durant la saison
des eaux, viennent graver leurs noms sur la muraille de
l'appartement qui doit à la tradition l'espèce de vénération
dont il est l'objet.
   M. Raffin, homme d'affaires, propriétaire actuel du
château, en a laissé l'usufruit viager à l'ancien curé de
Pontcharra. Ce digne eclésiastique, que son grand âge a
contraint de renoncer aux fonctions sacerdotales , est venu
habiter au milieu de ces ruines ; mais les réparations qu'il y
a faites pour s'installer les ont dépouillées de ce cachetd'an-
 tiquité si respectable que les siècles leur avaient imprimé.