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LE PAGE DU BARON DES ADRETS SUITE (1). Le jour se levait pâle et blafard sur les vieux murs du couvent, quand les huguenots se réveillèrent. Saisis par les premiers froids du matin, lassés par une nuit d'or- gie, ils jetèrent un regard allangui autour d'eux. Les brocs étaient renversés, le vin coulait à terre, les armes, les vêtements gisaient en désordre. Le feu, après avoir consumé un tronc d'arbre dans la haute cheminée, s'é- tait éteint et la vaste salle voûtée avec ses lableaux déchirés, ses dressoirs brisés, ses tables renversées offrait un aspect hideux. Les soldats, habitués à ces scènes terribles et indifférents au bouleversement des habita- tions, mais rompus à la discipline des camps, et se méfiant des dangers, reprirent leurs armes, relevèrent les brocs et surpris du silence qui régnait autour d'eux, se consultèrent. L'absence de leurs chefs les étonna. Le terrible baron n'avait pas l'habitude de les laisser dans l'oisiveté et le repos. Pourquoi, au lever du jour, n'entendait-on pas sa voix qui faisait frémir les plus vaillants ? La pensée des trésors leur revint à l'esprit. Les avait- on enlevés pendant leur sommeil ? Les moines et les nom- breux domestiques du monastère avaient-ils surmonté (1) Voir les précédentes livraisons.