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422 AUTOUR DE LYON. Si, comme vous vous en étonnez, les lieux boisés nommés Ars ou Arz sont mal famés en Lyonnais et en Beaujolais, c'est que, placés à une frontière, ils servaient, ce que j'ai dit ailleurs, de Botany-Bay aux tribus, et plus tard aux seigneuries. Là , subis- saient le châtiment de la déportation, les malfaiteurs, les ban- dits, les personnes de mauvaise vie. Ce genre de bannissement porte dans S. Isidore le nom de Liminium « captivité, punition à la limite » (i). Après maints détours abrégés par d'aimables récits, nous en- trons dans : Ecully, anciennement Excoliacus (2), Esculiacus, Escueilleu, Escullieu,Esculhj(Z), Ecuilli (4), topiques analoguesd'2î'cwe«ï/e, en lat. Esculiacus, de l'Indre ; des Esquilles de la cité des con- suls et des Césars ; de la forêt d'iveline, en latin Aquilina, JEqualina, Equilina, Esquiliha, magnifique fragment de la forêt sacrée des Carnutes (5), etc. Ecully, de même que tous les noms cités, c'est « de bois de chênes endroit » ou « bois de chênes ; » mais de quels chênes ? Les Anciens, surtout les poètes, ont assez bien décrit Yescu- lus, pour qu'on puisse l'attribuer avec certitude à une espèce moderne. Ecoutons le gaulois Virgile et le péligne Ovide : « Pars autem posito surgunt de semine .- ut aitse Castaneœ, nemorum que Jovi quse maxima frondet Esculus, atque habitœ Gratis oracula quercus. » [Géorg., IL) Non Chaonis abfuit arbos, Non nemus Heliadum,non frondibus esculus altis, Nec tiliae molles, nec fagus, et innuba laurus, (1) Cf. MM. Quicherat et Daveluy, Diet. lat.-franc, ad verb. liminium. (2) Cartul. de Savign., n° 186, ann. 980. (3) Id. ( Append. aux Cartul. do Savign. et d'Ainay, pp. 904, 935, 953, 982. (4) Le P. de Colonia, Hist. litt. et Antiq. de Lyon, 1, 47. (5) Sur là forêt Yveline v. Guérard, Ess. tur le syst, de» divis. territ, de la Gaule, p, 141.