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204 LA CHARTREUSE D'ARVIÈRES. romey des dîmes et des rentes s'élevant annuellement à 300 livres. Ces rentes leur produisaient à Seyssel, 10 livres, à Culoz 57, à Ceyzérieu 25, à Songieu 17. La dîme de Recouza, Ronger et dépendances était affermée 70 bi- chets d'avoine et4-bichets d'orge, en 1780. En 1788, par- tie de cette dîme fut cédée au curé de Lochieu pour sup- plément de portion congrue; elle ne fut plus amodiée alors que 40 bichets d'avoine et un demi-bichet d'orge. Les détails qui précèdent peuvent donner une idée as- sez exacte de la position de fortune des Chartreux d'Ar- vières en 1789. Ils étaient pauvres comparativement à leurs confrères de Portes, de Meyriat et de Saint-Sulpice, et s'ils vivaient largement, comme les ordres religieux vivaient au xvme siècle, il leur était impossible de thésau- riser. Telle cependant n'était pas leur réputation. La chronique villageoise les disait détenteurs de sommes énormes ; aussi, quand la Révolution les eut chassés de leur retraite, quand on les eut vus partir seuls, à pied, le bâton à la main, chargés de leur modeste bagage minu- tieusement fouillé par raison d'Etat, la convoitise s'a- battit sur leur monastère, qu'elle ruina de fond en com- ble. Pendant plus de trois ans, les démolisseurs s'achar- nèrent à leur œuvre, dans l'espérance, de mettre enfin la main sur les richesses enfouies ; mais de richesses point ! Où donc élaient-elles cachées ? Ils se dirent à l'oreille le nom de Philibert Ancian et se montrèrent du doigt la grange des Orgères. C'était là qu'elles devaient avoir été conduites, enfermées dans des tonneaux. Dans la nuit du 6 au 7 floréal an v, la grange fut attaquée et six person- nes y furent égorgées. Les assassins, désignés par l'opi- nion publique, restèrent officiellement inconnus. Trouvè- rent-ils ce qu'ils cherchaient ? Les uns disent oui, les autres disent non.