page suivante »
H8 CHATEAU DU MOKTELMER EN BRESSE.
naît la très-catholique cour de Savoie? Rien de tout cela,
Jacqueline de Montbel d'Entremont,veuve de l'amiral Gas-
pard de Coligny, était sorcière, elle était accusée d'avoir
invoqué, adoré et encensé les diables, et d'avoir en outre
endiablé une fille qu'elle avait eue du feu duc.
Heureusement, du moins à ce qu'elle croyait, le Roi de
France qui avait signé à son contrat de mariage, s'intéres-
sait à elle, et par la voie du célèbre cardinal d'Ossat, son
ambassadeur à Rome, il écrivit à Clérnent VII pour le prier
de veiller à ce qu'aucun mal ne fût fait à la dame du Mon-
tellier. Le pape répondit au cardinal qu'il ne permettrait
point qu'on lui fît injustice, mais que les imputations
étaient si atroces, qu'il ne pouvait de moins que devoir
ce que c'estoit.
Malgré toutes les difficultés qu'il eut à surmonter, le
cardinal obtint qu'elle fût remise aux mains du nonce Ã
Turin, mais il lui fut impossible d'obtenir du duc qu'on
permît à la prisonnière d'habiter sa maison de ville où elle
aurait pu être gardée à vue par les gens de la force ducale.
Avant de la juger, il s'agissait de vider une question fort
importante : à savoir si le sortilège avait eu lieu avec ou
sans invocation de diables. La dernière hypothèse était
celle soutenue par la cour de Turin; car l'affaire aurait
alors été du ressort du Sénat et ni le nonce ni l'autorité
ecclésiastique n'auraient eu à s'y immiscer. Le pape en
décida autrement et commit le nonce pour en juger, en lui
adjoignant toutefois, pour ne pas s'aliéner le duc, l'arche-
vêque de Turin.
Le cardinal d'Ossat tenait Henri IV au courant de cette
affaire et nous apprenons par une de ses lettres que l'ami-
raie, car c'est ainsi qu'on l'appelait alors,lui avait envoyé,
sous le sceau du secret, la copie d'un dialogue entre elle et
le président Vivaldi, d'où il ressort que le plus grand
crime de la marquise du Montellier était de posséder le
château d'Entremont que convoitait le duc de Savoie. On
laissa pourtant entrevoir à la soi-disant sorcière qu'il y au-