page suivante »
-138 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON. donc a la garder toute notre attention et toutes nos forces. Dirigeons-la bien, conservons-la pure, et nous aurons gardé le dépôt de Dieu (1). » Désabusé de bonne heure de l'illusion des grandeurs ter- restres par le spectacle de leur mobilité, Eucher se plaît à reporter ses regards sur la splendeur effacée des monarques tombés à l'époque où lui-même comptait parmi les grands de la terre. Ce docteur qu'avait poussé dans la solitude l'as- pect de tant de lugubres retours des choses d'ici-bas, pouvait- il dans un écrit dirigé contre les séductions dusiècle, ne pas le monlrer comme il l'avait vu, comme il était, comme il sera toujours ? Voici quelques-unes de ses réflexions sur ce cha- pitre si vieux et toujours si neuf ; on les dirait faites pour ce temps de rois abattus et de trônes jetés par terre. « Oh! de ces hautes fortunes, quelles qu'elles soient, que rapide est la perte et prompte la décadence ! Nous avons vu naguère des hommes saturés de dignités s'esseoir aux faîtes les plus élevés des grandeurs, et par la diffusion de pro- priétés sans nombre, étendre leur patrimoine d'un bout à l'autre de l'univers. Ils avaient eu des succès plus grands que leurs espérances, des prospérités plus vastes que leurs désirs (2) ; mais pourquoi citer des félicités particulières ? Des rois, dans tout l'orgueil du pouvoir suprême, ont paru, brillants d'or et de pierreries. Leurs manteaux, ô merveille, étincelaient, brochés de métaux précieux (3). A leurs dia- dèmes rayonnait le feu des diamants. Dans leurs cours s'éta- lait la magnificence des grands et des seigneurs ; dans leurs palais, le luxe pompeux des lambris revêtus de dorures. On donnait à leurs volontés le sens de droit des peuples, à leurs (1) Dei déposition luemur. (2) Cupiditaies successibus viceranl ; rebut vola transcmdcrtinf. (3) Horum iegmina, mirum diclu, (exlis irradiabmit metnllis.