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382 LE PAGE DD BARON DES ADRETS. de n'avoir pas fait plus de résistance, mais que faire ? plus de chefs. Cependant de nombreuses maisons se fortifiaient pour essayer une résistance désespérée et attendre des secours. Le courage se ranima dans quel- ques quartiers, des rues se barricadèrent, des hôtels de riches seigneurs se changèrent en châteaux forts, de tous côtés on entendait les trompettes des huguenots sonner le cri de guerre, et le jour allait voir renouveler les horreurs de la nuit. Les huguenots s'assemblèrent à la hâte, chacun se rangea sous la bannière de ses chefs, les compagnies s'ébranlèrent et se dirigèrent vers les points qui résistaient encore. Cette journée fut fatale aux églises, et les travaux d'art de plusieurs siècles furent détruits en quelques heures. Rien n'arrêtait la fureur aveugle des soldats huguenots, partout où ils passaient ils ne laissaient que la désolation et la ruine. Mais il y avait un point très-forlifié, rempli de nom- breux et déterminés défenseurs; c'était l'église de Saint-Nizier et le fameux hôtel des Mascrani de la Bussière. La Saône n'avait inondé le sol que de deux pieds, mais c'était suffisant pour protéger la défense. Toutes les portes basses avaient été barricadées forte- ment, les plus basses avaient été murées et les défenseurs pleins de confiance attendaient leurs ennemis. Le baron des Adrets était partout à la fois ; avec quelques compa- gnies d'élite il se portail où sa présence était nécessaire. Il voyait avec rage le quartier Saint-Nizier offrant un noyau de résistance qu'il fallait à tout prix abattre. Il résolut, coûte que coûte, d'en faire le siège de suite et de ne confier cette délicate opération à personne. Ayant sous ses ordres son fidèle et brave Blancon, il se mit Ã