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374 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. inspirait de terreur. Voyant la lutte impossible, le gou- verneur et le capitaine se replièrent en bon ordre, purent mettre en sûreté les trésors de l'Eglise et allèrent s'enfermer dans le château de Pierre Seize. Le baron des Adrets ne se fit pas attendre, et quoique le château fût en état de résister à un siège long et régulier il fut emporté en quelques heures. Une partie de la garnison s'échappa avec ses officiers et courut s'enfermer dans le château de Sain-Bel. Dès lors Lyon fut sans défense et il tomba au pouvoir des huguenots. Tout semblait s'allier avec eux. La pluie avait cessé, le ciel redevenait clément pour les laisser jouir en paix de leur triomphe. C'est alors que commença cette vaste destruction des hommes et des choses; toutes les églises pillées et souil- lées, les couvents saccagés et les religieuses emmenées prisonnières. Quelques points résistaient encore, mais on attendait le jour pour achever l'œuvre de destruc- tion. Le soleil se leva pâle et blafard sur Lyon. Le baron des Adrets qui avait établi son quartier général à la maison abbatiale de Saint-Jean, était monté sur une des tours de l'Eglise et contemplait d'un œil sombre le vaste et effrayant spectacle de cette ville désolée. Une partie de Lyon était encore sous les eaux et l'on voyait les habi- tants se cramponnant sur les toits. Quelquefois ce der- nier asile s'effondrait, un bruit, un peu de poussière blanche, puis plus rien . . . Le flot se refermait continuant sa course avec furie. Plusieurs églises et maisons brû- laient encore et jetaient des torrents de flammes et de fumée que reflétaient les eaux d'alentour. On entendait aussi hurler les chiens dans les rues désertes, et tout cet