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HISTOIRE LITTTÉRAIRE DE LYON. 32b Tant de sollicitude ne dut pas s'étendre aux œuvres" ins- pirées par la muse profane ; celles-là , le plus souvent aban- données, eurent le sort des poésies du consul Afranius, ces poésies qui firent les délices de Sidoine (1). Cependant, il ne faut pas croire que les monuments litté- raires, ainsi préservés par le soin des fidèles, forment un bien ample bagage, Même, si l'on examine les titres des ouvrages et les noms des auteurs mentionnés par le seul évêque de Clermont, on est épouvanté de la grandeur des pertes subies par l'esprit humain durant les calamités qui fondirent au Ve siècle sur la Gaule. Alors que ces effroyables catastrophes n'étaient encore qu'une menace, Lugdunum parvenait h son apogée littéraire. Dans cet asile aimé des intelligences d'élite, la muse antique trouvait toujours de fervents adorateurs, payons attardés, comme le périégète Rutilius Numatianus , dans l'idée d'un Gapitole éternel. Les études gagnaient à ce dernier effort des adhérents du vieux culte. Une grande émulation, qui dégé- nérait parfois en disputes violentes, animait les deux camps opposés. Cent ans après, sous la domination desBurgondes, cet antagonisme gardait encore toute son activité pas- sionnée (2). La situation qu'il faisait aux lettres donne jus- qu'à un certain point l'explication de ces titres un peu emphatiques de Gymnase d'outre-mer de l'empire (3), de Séjour préféré de la science (h), que décerne le moine Héric au Lugdunum du Ve siècle. (1) V. ci-dessus, ch. IV, p. 22. (2) Voir la dispute du grammairien Viventiole et de saint Avit, dans l'Histoire littéraire de la France, III, 20, et dansColonia, Histoire littéraire de Lyon, I, 287 et suiv. (3) Publicum extra marini orbis gymnasium (Heric. Autissiod. De vita B. Germant, ap. Act. sanct, VII, 356, jul.). (4) Sapientia Lugduni sibi consislorium collocavit [ld. ibid.).