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                          I,A SUAVIOI.A.                      463

                              XIII.

    La vaste demeure où le père de Stella s'était réfugié, en
quittant Venise, se composait de plusieurs corps de bâti-
ments, dont l'un servait de refuge nocturne aux contreban-
diers. C'était là que venaient d'avoir lieu les scènes étranges
auxquelles Etienne avait assisté comme spectateur inaperçu
d'abord, et comme victime ensuite.
    Mais l'appartement de Stella était séparé de celle partie de
l'habitation ; en sorte que la jeune fille n'avait rien vu de ce
qui s'y était passé. Elle était d'ailleurs tout-entière au senti-
ment de la perte qu'elle venait de faire.
    Entourée de quelques serviteurs dévoués, qui n'avaient ja-
mais eu de communications avec les contrebandiers, elle ne
se souvenait plus, en ce moment, de la triste solidarité qui
avait trop longtemps associé la destinée de son père à celle
de ces aventuriers. Elle versait des larmes en silence, sans
laisser échapper aucune plainte. Sa douleur était profonde ,
mais contenue par un héroïque effort de volonté et par les
suprêmes recommandations de celui qui venait de mourir.
    Car l'exilé vénitien, sentant approcher sa fin, avait supplié
Stella de ne point se départir, dans cette nouvelle épreuve,
de la fermeté courageuse avec laquelle elle avait supporté les
rudes coups de l'adversité.
    — Ma fille, lui avait-il dit, je vais te quitter... el ce sera
pour moi un puissant adoucissement aux angoisses de cette
séparation que de pouvoir emporter l'assurance que lu domi-
neras la douleur. J'ai appris à compter sur ton courage.
Promets-moi qu'il ne se démentira point.
    — 0 mon père, avait-elle répondu, avec un accent de
 tristesse sublime, je le le promets !...
    — Ma noble enfant, avait ajouté le mourant d'une voix