Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         LA SUAV10LA.                      443

tu rétournes, mais sur le territoire piémontais cependant,
un carrefour où plusieurs sentiers viennent se croiser et qu'a-
brite contre le vent du nord une immense roche à reflet
blanchâtre, assez semblable à la slalue colossale d'une femme
tenant un enfant dans ses bras. Celte roche est appelée, à
cause de cela, la Madone blanche. C'est là que nous nous
retrouverons, lorsque je le ferai prévenir que je puis m'y
rendre. Mais, je t'en prie, attends mon avertissement... et
adieu!
   El elle lui tendit la main, en souriant doucement.
   Etienne porta cette main sur son cœur où il la retint long-
temps.
   Après celle étreinte, Stella s'éloigna, légère el rapide
comme la veille, alors qu'elle disparaissait dans l'épaisseur
des bois ou derrière les feuillages du vallon.


                             VII.

   Si Etienne était rêveur lorsqu'il alla au vallon, il le fut
bien davantage encore lorsqu'il en revint. Mais ses rêveries
avaient changé d'objet. En ce moment, les souvenirs de sa
jeunesse se trouvaient effacés ; les transformations du paysage
lui élaienl indifférentes ; les fleurs du chemin n'attiraient
plus ses regards et il restait sourd aux harmonies des brises
alpestres. Il avait tout oublié, il ne voyait rien, n'entendait
rien. Il lui semblait que sa vie ne datait que d'un instant, et
il ne comptait dans son existence que les heures qu'il venait
de passer avec Stella. Stella seule l'occupait.
   Mais aussi tout était attrait en celte jeune fille, tout,
jusqu'à son énergie, si propre à dominer l'esprit irrésolu
d'Etienne. Son éblouissante beauté d'ailleurs était relevée
par sa fière candeur et par une sorte de mystérieux prestige,