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AV2 LA SUA VIOL A. cer auprès de mon dernier frère, plus jeune que moi de deux ans, la tendre mère que nous avions perdue avant de quitter Venise. Je m'habituai bientôt à la libre vie des montagnes. Je me plus à les parcourir et à me faire de la solitude une nouvelle patrie. « Mais mon père, à qui a fortune jnssée avait créé d'im- périeux besoins de bien-être et de libéralité, voulut a tout prix se soustraire aux étreintes de la misère. Si an livra, dans ce but, à des entreprises contraires ù ses goûts. Mais il est resté, par l'esprit et par le cœur, supérieur aux occupations qu'il s'est faites. « Quant ù mon jeune frère, enfant de seize ans seule- ment, il a été .récemment blessé par un accident, et je l'ai laissé aujourd'hui aux soins de mon père pour venir chercher la plante dont il attend sa guérison. « Voilà , dit-elle en finissant,celles des circonstances de ma vie qui peuvent avoir quelque intérêt pour toi. » Le reste de la nuit s'écoula en naïfs entretiens, fréquem- ment interrompus par de longs silences pendant lesquels les deux jeunes gens écoutaient les battements de leur cœur et communiquaient entre eux par la pensée. Celle nuit passa vile. A l'aube naissante, ils se remirent à chercher la plante perdue. Mais ils furent bienlôtconvaincus qu'ils ne la retrou- veraient point, et il fallut se décider à se séparer. -~ Mon frère m'attend , s'écria Stella. Etienne la regarda avec tendresse, et la jeune fille com- prenant l'interrogation qu'exprimait ce regard, dit ingénu- ment : — Oh ! oui, nous nous reverrons. Puis elle ajouta : — Garde-toi de me suivre et ne viens jamais aux lieux qu'habite mon père. Il y a là -haut, non loin de la demeure où